Agnès Buzyn est passée lundi à l’hôpital de Pont-Audemer, avant de se rendre à Bernay. Cet hôpital de Pont-Audemer est « un modèle du genre », a déclaré le ministre.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn (au centre sur la photo, avec une veste verte) a discuté pendant une heure avec le personnel hospitalier, des parturientes du Centre péri-natal de proximité et des élus.
Le ministre des Solidarités et de la santé Agnès Buzyn était attendu en terrain miné ce lundi 18 février à 10h40 à Bernay, où elle venait expliquer la décision de l’Agence régionale de santé d’y « fermer la maternité », plus précisément selon la ministre d’y faire fonctionner un Centre de périnatalité de proximité (CPP)… sans accouchement. Une fermeture prévue dans un premier temps le 11 février 2019, puis repoussée à une date ultérieure, mais une fermeture confirmée, pour des raisons de sécurité selon le ministre. « On ne peut pas se permettre d’avoir une maternité ouverte avec une liste des gardes où il y a des trous et des nuits entières où il n’y a pas d’obstétricien, avait à ce propos déclaré Agnès Buzyn à nos confrères de France 3 à Rouen le 13 octobre dernier. En cas de césarienne, nous n’avons personne pour la faire. C’est un risque majeur. »
L’Eveil de Pont-Audemer étant imprimé lundi midi, nous ne pouvons rendre compte dans cette édition des échanges et des annonces qui ont su être faites à Bernay en fin de matinée. Par contre concernant Pont-Audemer, la ministre a évolué en climat tout à fait favorable.
Un Centre de périnatalité de proximité (CPP) existe à Pont-Audemer quasiment depuis la fermeture de la maternité, en 2003.
« Plus précisément, on a expérimenté une maison périnatale en 2003, transformée en CPP en 2007 », se souvient Philippe Mabilais, président de la Commission médicale d’établissement du centre hospitalier de la Risle. Depuis 2003, les femmes dont toute la grossesse est suivie au CPP de Pont-Audemer vont accoucher à Bernay, Lisieux ou Le Havre.
« Et cela fonctionne très bien », a souligné le Docteur Mabilais mais également le directeur de l’hôpital Bruno Anquetil, les cadres de santé, sages-femmes … et même les trois « mamans » ayant été suivies durant leur grossesse au CPP de Pont-Audemer invitées à s’exprimer devant le ministre.
L’éloge de Pont-Audemer. L’éloge du CPP a été fait par le personnel de l’hôpital mais également par trois mères de famille, donc. Toutes ont
relevé la qualité d’écoute de leurs interlocuteurs, « l’aspect cocooning » du CPP.
« Ici c’est moins l’usine qu’au Havre », a lâché Laure Moreira, une maman dont la deuxième grossesse a été suivie par le CPP de Pont-Audemer. Pour autant les « sujets qui fâchent » n’ont pas été totalement mis de côté. « En cas d’urgence et pour accoucher, il faut quand même aller à
l’hôpital Jacques-Monod au Havre, c’est du stress et des dépenses en plus, en essence et parce qu’il faut payer le pont de Tancarville ou de Normandie », a osé dire Laure Moreira. Une observation tout à fait pertinente, que le ministre a saisie au bond.
« Nous allons avoir avec la Directrice de l’Agence régionale de santé, éventuellement aussi avec la caisse d’assurance maladie, les aides qu’on pourrait mettre en place pour aider les personnes les plus défavorisées pour les transports, a commenté Agnès Buzyn.
Cette question des moyens et temps de transport est très importante car il ne s’agit pas de créer là une anxiété supplémentaire. » Concluant sur les raisons qui l’ont poussée à venir à Pont-Audemer avant Bernay, Agnès Buzyn a souligné que « l’hôpital de Pont-Audemer et son mode de fonctionnement sont un modèle du genre. » Parce que cet hôpital, qui a perdu sa maternité mais aussi sa chirurgie, a su s’adapter. Une adaptation dont on reparlera certainement encore dans les années à venir car Michel Leroux, maire et président du conseil de surveillance, espère bien que le projet de rénovation totale du centre hospitalier verra le jour (lire en encart).
Serge Velain
Michel Leroux réclame plus de moyens
L’hôpital de Pont-Audemer pour une fois pris pour modèle (il n’en a pas toujours été ainsi, notamment d’un point de vue
budgétaire) et par un ministre – excusez du peu – son président de conseil d’administration Michel Leroux a saisi la balle au bond
pour réclamer à l’État des moyens financiers. Car l’adaptation dont il va falloir faire preuve bientôt concerne sa capacité à
mener des grands travaux.
« Il nous faut mettre en conformité les locaux de cet hôpital et cela va être coûteux. L’hôpital ne pourra pas
financer seul ces travaux. On compte sur votre appui car on a besoin du soutien de l’État », a dit Michel Leroux au
ministre Agnès Buzyn.
L’actuel hôpital est jugé trop petit et n’est plus adapté à la médecine moderne. Il y a plus de trois ans, Michel Leroux avait
évoqué la nécessité de bâtir à sa place « un nouveau bâtiment ». « Il devrait voir le jour dans six à huit ans », disait-il en 2015
(voir l’Éveil 27 octobre 2015). En tout état de cause, c’est un projet qui nécessite un fort soutien politique.
S.V.
Eveil de Pont-Audemer du 19 février 2019